Source avec lien : Cochrane Database of Systematic Reviews, (9), . 10.1002/14651858.CD011860.pub2
L’objectif de cette étude était d’évaluer l’efficacité des interventions d’enseignement et de formation visant à prévenir et à réduire les agressions sur le lieu de travail dirigées contre le personnel de santé par les patients et les défenseurs des patients.
Contexte Les agressions sur le lieu de travail constituent un problème grave pour le personnel et les organismes du secteur de la santé. L’agressivité est liée à des problèmes de santé physique et mentale au niveau individuel, ainsi qu’à l’absentéisme, à la diminution de la productivité ou de la qualité du travail, et au taux élevé de rotation du personnel au niveau organisationnel. Pour contrecarrer ces effets négatifs, les organismes ont eu recours à diverses interventions, notamment l’enseignement et la formation, afin de fournir au personnel les connaissances et les compétences nécessaires pour prévenir les agressions. Objectifs Évaluer l’efficacité des interventions d’enseignement et de formation visant à prévenir et à réduire les agressions sur le lieu de travail dirigées contre le personnel de santé par les patients et les défenseurs des patients. Stratégie de recherche documentaire CENTRAL, MEDLINE, Embase, six autres bases de données et cinq registres d’essais ont été consultés depuis leur création jusqu’en juin 2020, en parallèle de la vérification des références, la recherche de citations et le contact avec les auteurs des études afin d’identifier des études supplémentaires. Critères de sélection Les essais contrôlés randomisés (ECR), les essais contrôlés randomisés en grappes (ECR en grappes) et les études contrôlées avant et après qui examinent l’efficacité des interventions d’enseignement et de formation visant la prévention des agressions pour le personnel de santé. Recueil et analyse des données Quatre auteurs de la revue ont évalué et sélectionné les études résultant de la recherche. Nous avons suivi les procédures méthodologiques standard définies par Cochrane. Nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes à l’aide de l’outil GRADE. Résultats principaux Nous avons inclus neuf études — quatre ECR en grappes, trois ECR et deux études contrôlées avant et après — avec un total de 1688 participants. Cinq études ont rapporté des épisodes d’agression, et six études ont rapporté d’évènements secondaires. Sept études ont été menées auprès d’infirmières ou d’aides‐soignants, et deux études auprès du personnel de santé en général. Trois études ont eu lieu dans des services de soins de longue durée, deux dans des services psychiatriques et quatre dans des hôpitaux ou des centres de santé. Les études ont été réalisées aux États‐Unis, en Suisse, au Royaume‐Uni, à Taïwan et en Suède. Toutes ces études portaient sur l’enseignement combiné à des interventions de formation. Quatre études ont évalué des programmes en ligne, et cinq ont évalué des programmes réalisés en personne. Cinq études étaient de longue durée (jusqu’à 52 semaines), et quatre de courte durée. Huit études ont eu un suivi à court terme (< 3 mois), et une étude un suivi à long terme (> 1 an). Sept études ont été classées comme présentant un risque de biais « élevé » dans plusieurs domaines, et toutes présentaient un risque de biais « incertain » dans un seul domaine ou dans plusieurs domaines. Effets sur l’agression Suivi à court terme Les données probantes sont d’un niveau de confiance très faible quant aux effets de l’enseignement et de la formation sur l’agression lors d’un suivi à court terme par rapport à l’absence d’intervention (différence moyenne standardisée [DMS] ‐0,33, intervalle de confiance [IC] à 95% de ‐1,27 à 0,61, 2 ECR en grappes ; risque relatif [RR] 2,30, IC à 95% de 0,97 à 5,42, 1 étude contrôlée avant et après ; DMS ‐1,24, IC à 95% de ‐2,16 à ‐0,33, 1 étude contrôlée avant et après ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Suivi à long terme L’enseignement ne réduit probablement pas l’agressivité par rapport à l’absence d’intervention à long terme (RR 1,14, IC à 95% de 0,95 à 1,37, 1 ECR en grappes ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Effets sur les connaissances, les attitudes, les compétences et les conséquences indésirables L’enseignement pourrait accroître les connaissances personnelles sur l’agressivité au travail lors d’un suivi à court terme (DMS 0,86, IC à 95% de 0,34 à 1,38, 1 ECR ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Les données probantes sont d’un niveau de confiance très faible quant aux effets de l’enseignement sur les connaissances personnelles à long terme (RR 1,26, IC à 95% de 0,90 à 1,75, 1 ECR ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). L’enseignement pourrait améliorer les attitudes des professionnels de santé lors d’un suivi à court terme, mais les données probantes sont très peu claires (DMS 0,59, IC à 95% 0,24 à 0,94, 2 ECR en grappes et 3 ECR ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Le type et la durée des interventions ont entraîné des effets d’importances différentes. L’enseignement pourrait ne pas avoir d’effet sur les compétences liées à l’agressivité au travail (DMS 0,21, IC à 95% de ‐0,07 à 0,49, 1 ECR et 1 ECR en grappes ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) ni sur les effets personnels indésirables, mais les données probantes sont très peu claires (DMS ‐0,31, IC à 95% de ‐1,02 à 0,40, 1 ECR ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Les mesures de ces concepts ont montré une grande hétérogénéité. Conclusions des auteurs L’enseignement combinée à la formation pourrait ne pas avoir d’effet sur l’agressivité sur le lieu de travail à l’égard du personnel de santé, même si l’enseignement et la formation pourraient accroître les connaissances personnelles et les attitudes positives. Des études de meilleure qualité qui se concentrent sur des variables spécifiques du travail de soins de santé où l’exposition à l’agressivité des patients est élevée sont nécessaires. De plus, comme la plupart des études ont évalué des épisodes d’agression envers les infirmières et infirmiers, les études futures devraient inclure d’autres types de personnel de santé qui sont également victimes d’agression dans les mêmes contextes, comme les aides‐soignants. Les études devraient surtout utiliser des signalements d’agression au niveau institutionnel et devraient s’appuyer sur des données de sources multiples tout en s’appuyant sur des mesures validées. Les études devraient également inclure les jours perdus pour cause de congé maladie et de rotation du personnel et devraient les prendre en compte lors d’un suivi d’un an. Les études doivent préciser la durée et le type de prestation d’enseignement et utiliser une comparaison active pour éviter de sensibiliser et de rendre compte uniquement dans le groupe d’intervention.