Source avec lien : Revue du Rhumatisme, 87, 12/1/2020. 10.1016/j.rhum.2020.10.127
Le contexte de pandémie au coronavirus SARS-CoV-2 et plus particulièrement, le confinement, sont susceptibles d’avoir influencé l’évolution des symptômes lombaires. L’objectif principal de cette étude était d’évaluer l’impact du confinement sur l’intensité de la lombalgie chez les patients lombalgiques chroniques.
Introduction Le contexte de pandémie au coronavirus SARS-CoV-2 et plus particulièrement, le confinement, sont susceptibles d’avoir influencé l’évolution des symptômes lombaires. L’objectif principal de cette étude était d’évaluer l’impact du confinement sur l’intensité de la lombalgie chez les patients lombalgiques chroniques. Patients et méthodes Étude descriptive et analytique, transversale, multicentrique, menée par questionnaire, du 18 mai au 30 juin 2020, auprès des patients ayant bénéficié d’une consultation pour lombalgie chronique commune entre le 1er janvier et le 17 mars 2020. Les données recueillies concernaient les caractéristiques sociodémographiques, le vécu du confinement, l’anxiété, la dépression, la survenue d’une infection à SARS-CoV-2, la qualité de vie, l’évolution de l’intensité de la lombalgie et de l’incapacité fonctionnelle pour les activités de la vie quotidienne (AVQ), la pratique d’activité physique (AP), le recours aux soins, la consommation médicamenteuse et de substances psychoactives à visée antalgique et l’activité professionnelle, pendant le confinement. Résultats 360 sujets (58,6 % de femmes, âge moyen=52,1±13,4 ans, IMC moyen=26,1±4,9kg/m2) dont 64,1 % d’actifs, issus de 7 centres ont été inclus. Le confinement a majoritairement été bien vécu (51,7 % versus 19,1 % mal vécu : 60,6 % se disaient peu ou pas déprimés contre 18,6 % beaucoup ou énormément et 57,7 % se disaient peu ou pas anxieux contre 22,4 % beaucoup ou énormément. Le taux d’infection par le SARS-CoV-2 était de 6,4 % (dont 30,4 % avec une gêne pour les AVQ). La pratique d’AP a globalement diminué pendant le confinement (49,0 % versus 34,4 % <2h d’AP/semaine et 26,8 % versus 32,1 % >4h d’AP/semaine). En miroir, le niveau de sédentarité a augmenté pendant le confinement (27,7 % versus 47,9 % <3h/jour d’activités sédentaires et 31,7 % versus 18,9 % >7h/jour d’activités sédentaires). L’EVA moyenne de la lombalgie a significativement augmenté (53,4 versus 49,5 ; p<0,001) avec un ressenti d’aggravation des douleurs chez 41,1 % et une gêne pour les AVQ liée à la lombalgie >15jours pour 47,4 %. Près de 30 % des patients ont augmenté leur traitement ou consulté et 15,1 % ont augmenté leur consommation d’anxiolytique, pour aggravation de la lombalgie. Parmi les actifs, 63,2 % ont poursuivi leur activité professionnelle dont 54 % en télétravail. Pour 65,2 % de ces derniers, le télétravail a aggravé la lombalgie. Un mauvais vécu du confinement, une faible pratique d’AP, le télétravail et l’absence de matériel adapté au télétravail étaient significativement associés à une aggravation de la lombalgie (p=0,002, 0,045, 0,046 et 0,024, respectivement). En revanche, les conditions de confinement, l’infection par le SARS-CoV-2 ou le fait d’avoir poursuivi son activité professionnelle n’ont pas influencé l’évolution de la lombalgie. Discussion Ces résultats mettent en évidence l’impact délétère du confinement sur la lombalgie chronique et permettent d’améliorer la compréhension des facteurs impliqués. Conclusion Une prise en charge spécifique permettant de lutter contre les effets délétères du confinement, notamment ceux liés à la diminution de la pratique d’AP pourrait être proposée.