Source avec lien : INSPQ, janvier 2020.
Trois travailleurs québécois salariés sur quatre n’ont pas accès à certains mécanismes de prévention prévus par la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST). Chez les femmes, 85 % n’y ont pas accès. Ces salariés oeuvrent dans les groupes de secteurs 4, 5, 6 non priorisés par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) quant à l’application de mesures de prévention.
Trois travailleurs québécois salariés sur quatre n’ont pas accès à certains mécanismes de prévention prévus par la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST). Chez les femmes, 85 % n’y ont pas accès. Ces salariés oeuvrent dans les groupes de secteurs 4, 5, 6 non priorisés par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) quant à l’application de mesures de prévention. Lorsqu’on compare les salariés de ces groupes non priorisés aux salariés de groupes de secteurs priorisés (groupes 1, 2, 3) par rapport aux contraintes du travail, l’Enquête québécoise sur la santé de la population (EQSP) de 2014-15 révèle : Chez les femmes, la manutention de charges lourdes et le travail debout sans possibilité de s’asseoir touchaient davantage les salariés des groupes 4, 5, 6. En général, la proportion de salariés des groupes 4, 5, 6 exposés aux contraintes psychosociales du travail était, soit aussi importante, soit plus importante que celle de salariés des groupes 1, 2, 3; ceci s’observe aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Les contraintes du travail suivantes touchaient davantage les salariés des groupes 1, 2, 3 : chez les hommes, toutes les contraintes physiques du travail mesurées dans l’EQSP 2014-15; chez les femmes, l’exposition aux vibrations, au bruit et au travail répétitif. Concernant les problèmes de santé liés au travail des salariés québécois, les données d’enquête et d’indemnisation des lésions professionnelles révèlent : Les groupes 4, 5, 6 ont généré 63 % des troubles musculo-squelettiques d’origine non traumatique indemnisés par la CNESST de 2010 à 2012 chez l’ensemble des salariés et 86 % chez les femmes. Ces groupes ont généré 61 % des journées d’absence du travail indemnisées associées à ces lésions (84 % chez les femmes). Dans l’année précédant l’EQSP de 2014-15, la proportion de salariés des groupes 4, 5, 6 ayant souffert de troubles musculo-squelettiques d’origine non traumatique liés au travail était aussi importante que celle de salariés des groupes 1, 2, 3. Dans cette enquête, 79 % des journées d’absence du travail en raison de ces lésions provenaient des groupes 4, 5, 6. Selon l’EQSP 2014-15, dans les groupes 4, 5, 6, les hommes salariés étaient plus nombreux, en proportion, à souffrir de détresse psychologique liée au travail et les femmes, aussi nombreuses à en souffrir que ceux et celles des groupes 1, 2, 3. Néanmoins, chez les hommes, les problèmes de santé suivants étaient plus importants dans les groupes 1, 2, 3 : le taux d’incidence des troubles musculo-squelettiques d’origine non traumatique indemnisés par la CNESST et la proportion de salariés ayant subi des blessures d’origine traumatique dans l’EQSP 2014-15 (ex. : fracture, coupure, etc.). Les résultats de cette étude soulignent le besoin d’étendre l’accès aux mécanismes de prévention de la LSST à l’ensemble des travailleurs et travailleuses. Ils soulignent aussi les limites d’une priorisation basée sur le nombre de lésions professionnelles qui avaient été indemnisées dans les années précédant l’élaboration de la LSST. Cette priorisation gagnerait à davantage intégrer le niveau de risque à la santé et le niveau d’exposition aux contraintes professionnelles physiques, organisationnelles et psychosociales pour favoriser une action préventive en amont de l’apparition de problèmes de santé.